Surprise par un réveil soudain, elle chercha aussitôt sa chaleur rassurante cachée sous les draps, elle trouva une main qui à peine saisie se serra contre ses doigts fins, il releva délicatement le drap de son autre main et la fixa…
-tu es prête ?
Elle ne répondit pas mais déjà son regard se perdait sur le rideau rouge sang de la chambre, qui volait au gré du vent devant la fenêtre ouverte sur la mer…. son regard suffit …il comprit. le temps était venu…elle n'était pas prête mais il fallait y aller.
Il baisa sagement sa main, la posa sur le lit avec une tendresse d'enfant, se leva en silence, s'habilla rapidement et lui tendit sa petite robe bleue qu'il affectionnait tant. Elle ne réagit par immédiatement le regard toujours fixait sur le rideau comme si elle fut sous un charme maléfique qui l'empêchait de détacher son regard de ce rideau de sang volant au vent. Il ne la pressa pas et d'elle-même elle arrêta de se prosterner devant cette fenêtre ouverte pour saisir la robe qui habillait bientôt ses seins blanc, rayonnant désormais de satin, puis elle se mit à genou, la sur le lit, sans dire un mot et fixa de nouveau la fenêtre de son regard doux. Il interrompit sa prière :
-" suis-moi "
Il lui tendit sa main qu'elle saisit sans crainte et ils entrèrent tous deux dans le flot de sang à qui elle priait en secret depuis leur réveil, flots de lumières, faces éclairés, deux anges franchissaient la fenêtre comme on franchit le premier jour de vie.
A l'extérieur, juste au pied de la fenêtre à un mètre à peine, s'offrait à eux deux ou trois marches qui ouvraient le bal vers la piste central de sable et de coquillages, en silence toujours mains unies, ils s'avançaient vers la mer calme, douce, réagissant à peine au vent pourtant violent, comme en osmose avec ces deux enfants. Ils s'arrêtèrent juste a ses pieds, la ou les vagues finissent de caresser le sable de leurs morts paisibles. Il se tourna vers elle, elle laissa son regard traversait sa peau blanche et entrer au plus profond d'elle et en fit de même…. Elle pouvait sentir sa peur, à elle et à lui, battre au plus profond de leurs êtres.
-" pour toi je me fais soleil pour t'offrir ces milles étincelles que font mes rayons lorsqu'ils embrassent la mer ".
-" pour toi je me fais vent pour que tes peurs s'envolent au loin et se noient dans les nuages "
aux bruits du vent se mêla bientôt celui de sirènes…. Eux ne réagirent pas, en même temps, a l'unisson, comme ayant répété des centaines de fois cette scène, ils plongèrent la main dans ses poches, elle prit celle de droite, lui celle de gauche, leurs yeux ne se quittaient pas.
-" laisse moi partir la première "
-" qu'il en soit ainsi "
Elle l'embrassa, lèvres contre lèvres, larmes contre larmes.
-" je prie la mort de venir consacrer ce désir de partir par amour pour toi "
Elle enfonça entre ses lèvres rouges, qui n'auraient du servir qu'à donner l'amour, cet objet froid qui ne donnait que la mort et tira….
Son corps d'enfant tomba violemment sur le sable doré….
-" je prie la mort de me permettre de te rejoindre, pour que toi et moi soyons gravé à jamais par le sang comme ne formant qu'un "
Et il exécuta le même dernier geste….
Les sirènes s'étaient rapprochées et avaient arrêté leur course folle, des pas pressés, emballées, apeurés se mêlaient soudain au bruits des vagues soudainement fâchées…
"j'ai retrouvé les gosses chef… on ne peut plus rien faire pour eux…. Ils sont morts et déjà loin…. "
Elle aurait pu s'appeler Juliette et lui Roméo, mais elle s'appelait Justine et lui Matthias, ils auraient pu être victime de querelles de deux familles riches mais opposées, mais ils étaient victimes d'un amour trop vite terminé, pourtant tout avait bien commencé, ils étaient nés il y a 16 ans jours pour jours tous deux d'une césarienne très réussie selon le médecin, elle en premier à 21h14, lui en dernier à 21h27, c'est en cet ordre qu'ils sont partis, dans cet ordre que deux êtres qui s'aiment ont lié leurs sangs pour qu'ils ne soient pas séparés, ces deux enfants nées sous la même étoile, la même nuit, d'un même amour………. d'une même mère.