Alors que la main gantée de l'obscurité lentement s'abat sur la ville, forçant badauds et marchands à déserter allées et marchés pour se réfugier derrière portes et fenêtres closes.
Lentement la créature de l'obscurité s'éveille. Maintenant libérer de sa léthargie diurne, comme immatérielle, Elle s'extirpe de son carcan de fange humide. Sur les ailes du brouillard fétide, Elle se laisse porter jusqu'aux abords de ce cimetière ou Elle a établie refuge.
Masquant sa présence aux mortels, Elle virevolte gaiement selon les caprices du vent. Son vol vient à se terminer lorsqu'Elle atterrie sur le rebord d'une fenêtre ouverte où règne une obscurité des plus compactes.
De sa vision perçante, Elle perce ce voile et là les cheveux étalés sur des oreillers de satins, se trouve une jeune pucelle, l'esprit entre les soins de Morphée.
Sans un bruit, elle traverse la pièce pour se poser en bordure du lit. Dans son sommeil comme percevant sa présence maléfique, la Belle tresaillit.
La Créature, elle, ne voit rien. Rien mis à part le battement sourd et régulier, quasi hypnotique de la jugulaire.
Incapable de résister plus longtemps à ce chant de sirène, elle plonge sur ce cou à la peau à la fois laiteuse et satinée et c'est avec une précision quasi chirurgicale qu'Elle y plonge ses crocs.
À grande goulée, elle aspire le sang sucré, se perdant dans le sentiment extatique qu'il lui procure. Ils restent ainsi, comme des amants, qui une fois l'amour consommé, refusent de se séparer.
Perdue dans cette drogue sanguine, elle ne voit pas la Belle ouvrir soudainement les yeux. Encore moins la main ferme et énergique l'écrasant sur place et c'est sur un ton ensommeillé, frustré que la Belle vient à déclarer:
- Sale moustique de merde!
Sujet: Doux baiser 
Mer 1 Nov - 16:46