L’ambiance de cette rue tantôt triste et monoto ne s’illumine soudain grâce à une profonde mélodie chantée par un groupe d’enfant. De douces voix parfaitement coordonnées semblent ensorceler tout ce qui les entoure. Un moment de douceur bizarre dans la tête de ceux qui écoutent, de chez eux, en fermant les yeux.
Ce chant est inconnu mais ravive nos souvenirs… ranimant la flamme enfouie sous le poids de notre âme, nos pires cauchemars refont surface ; nous essayons de ne plus y penser, on les oublie. Alors pour combler ce vide de l’esprit on se figure l’étrange mélodie et nous nous apercevons que ce chant, bien que magnifique, décrit une pièce noire aux allures mystérieuses, une odeur de vieux livre et une présence mystique, yeux d’Eris, regardant discrètement au-dessus d’un pupitre en bois un ange aux ailes d’acier. Son visag e est é puisé et son cœur de métal résonne faiblement dans ses entrailles, ses yeux d’or à peine entrouvert fixent juste devant lui un autre ange aux ailes d’albatros, les parties charnues de cette fée étant cachées par de longs cheveux noirs. Ses mains d’une peau parfaite et fantomatique sont prolongées par de longs ongles tranchants dont la lueur surnaturelle fait ressortir les taches de sang qui s’écoulent tel des ruisseaux de larmes. Elle caresse le visage d’acier comme une patte de tigre effleurerait le doux plumage d’une colombe, son œil marron regarde tous les contours, tous les détails de cette carcasse vide de toute lumière, ce regard vide de toute émotion, sachant sont destin immuable, comme écrit sur le vieux livre. Le dernier mot d’une phrase, la dernière note d’une portée, le dernier souffle de l’ange déchu.
La lumière d’une chandelle découvrant la valse d’Eris qui s’amuse sur la lecture du silence éclaire les visages des enfants de la nuit qui viennent de terminer leur chant.