-Mais pourquoi tu t'éloignes ? Reste avec moi, c'est un ordre ! Hurla Kerallan. Hé ! Tu m'écoutes ?
Elle était couchée sur le lit, pliée de rire.
Trémélian se retourna. Elle regarda Kerallan sur le lit, en tain de se tordre de rire.
D'habitude elles n'avaient pas le droit d'aller dans l'immense chambre des parents, mais ce week-end ils étaient partis et ne rentraient que le lundi soir, puisque c'était jour férié. Depuis vendredi en fin d'après-midi jusqu'à lundi dans la soirée.
Trémélian rejoignit sa soeur sur le lit et commença à rire elle aussi.
Elles riaient, elles étaient heureuses, sans raisons particulières.
C'était la première fois que les deux adolescentes se retrouvaient seules si longtemps.
Les deux jumelles aimaient le noir, la musique et la mort, depuis que leur chat les avait quitté. Elles n'avaient pas vraiment d'amis dans leur classe, elles préféraient s'isoler toutes les deux.
Dans toute la chambre elles avaient semé des pétales de roses, leur fleure préférée.
Kerallan s'approcha furtivement de sa soeur qui riait encore et tenta de lui voler un baiser. Mais elle se retira au fond du lit, lançant un regard noir à son autre.
-On avait dit qu'on le ferait plus, sanglota Trémélian.
-Mais j'en ai envie Trémélian, lui rétorqua Kerallan.
-Je sais, mais tu sais ce qu'a dit le prêtre ! Il faut qu'on arrête !
-Je ne veux pas arrêter ! Et arrête de pleurer ! Le prêtre il a pas à dire ce qu'on doit faire ou pas faire.
-Oui mais on s'est fait surprendre une fois, et tu sais tout autant que moi ce qui a failli se passer !
-Oui je sais.
Kerallan se mis à pleurer. Trémélian ne pus s'empêcher de la serrer fort dans ses bras, et par la même occasion lui donna un doux baiser.
-J'espère qu'ils ne m'ont pas vu, chuchota-t-elle à l'oreille de Kerallan.
-Je m'en fiche ! Qu'ils nous voient s'ils veulent, qu'ils me torturent, ils ne m'arracheront pas à toi !
Et elle embrassa sa soeur à son tour.
Elles étaient au milieu du lit immense, avec, pour occuper l'espace libre, de la musique sombre.
Les parents des deux adolescentes étaient très croyants, mais n'étaient pas souvent auprès d'elles, et, c'est sans doute pour ça, que leurs deux filles leurs avaient un peu échappé.
Trémélian était moins " rebelle " que sa jumelle et était beaucoup plus marquée par cette éducation religieuse que son autre.
Un jour, alors qu'elles étaient dans leur chambre en train de s'occuper amoureusement, leur mère les surprises s'embrassant et se touchant pas si innocemment que ça. Elle appela leur père, qui appela le prêtre. Ils pensèrent immédiatement qu'elles étaient possédées ou quelque chose comme ça. Les parents ne comprenaient pas ce qui se passait, pourquoi une telle chose c'était produit. Mais ils ne cherchaient pas à comprendre. Ils ne voudraient pas de " ça " sous leur toit, et, quitte à faire du mal, les sépareraient. Ce qu'ils avaient menacé de faire.
Mais l'une n'était rien sans l'autre, et vice-versa.
La première nuit, elles s'endormirent l'une dans l'autre, dans la musique.
-Promet-moi qu'on sera toujours ensemble ! Murmura Kerallan.
Ce genre de question, Trémélian n'aimait pas, parce qu'au fond d'elle, elle savait bien qu'un jour elles seraient séparées. En guise de réponse elle embrassa son autre, qui prit cela pour un oui.
Presque toute la journée elles étaient restées couchées à se regarder, les yeux dans les yeux. Lorsqu'elles étaient juste les deux, elles perdaient toute notion du temps. Plus rien n'existait, juste l'autre.
D'un coup, Kerallan bondit sur le lit :
-On ne peut pas continuer comme ça !
Sa jumelle à genoux, regardait le sol d'un air triste. Bien qu'elle ne sus pas où sa soeur voulait en venir, elle avait raison. Elles ne pouvaient continuer comme ça.
Trémélian pleurait.
-Pourquoi pleures-tu ? Tu ne m'aimes plus c'est ça ?!
-Je t'aime trop !
Kerallan la prit dans ses bras et la serra aussi fort qu'elle put.
-Il faut qu'on parte, chuchota-t-elle.
-Mais où irons-nous ? Nous sommes perdues !
-On partira là où personne ne nous verra, là où personne on dérangera ! Tu veux ?
-Si je suis avec toi, ma Kerallan, alors oui. Je voudrais toujours ! Où tu voudras, tant qu'on s'aimera.
Toute la nuit elles ne purent dormir. Elles faisaient ce que n'importe qui aurait fait avant de partir.
Un peu avant l'aube elles préparèrent encore quelques affaires. C'est à l'aurore qu'elles partiraient.
Trémélian fit couler un bain. Leur dernier ici.
Kerallan était allée chercher les deux dernières choses qui manquaient pour leur long voyage.
Elle prit place dans la baignoire en face de son autre, et lui donna l'un des deux couteaux.
Elles s'embrassèrent une dernière fois, ça paraissait durer une éternité.
Une éternité bien trop courte !
L'une prit le bras de l'autre et vice-versa.
Elles se regardaient. Elles savaient où elles iraient maintenant.
Elles compteraient ensemble jusqu'à trois avant de partir en même temps.
-1, 2.
-Je crois bien que je te hais.
Trémélian coupa la parole à Kerallan et termina :
-3. Tellement je t'aime.